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Géopolitique, évolution d'un monde multipolaire. Poutine, Trump, Xi Jinping, Narendra Modi, Hassan Rohani et l’Europe…. Ce qui à changé. "II faut dormir comme le lion sans fermer les yeux" Cardinal de Richelieu. Maximes d'État (1623). Blog d'Olivier d'Auzon


Riyad admet pour la première fois publiquement sa défaite en Syrie

Publié par Olivier d'Auzon sur 7 Avril 2018, 17:31pm

Catégories : #Arabie Saoudite, #Iran, #Russie, #Syrie, #Bashar El-Assad, #MBS, #Donald trump, #Israël, #Ankara, #Turquie, #Kurdes, #Yémen, #Saad Hariri, #Liban, #Doha, #émir Tamim, #Tel Aviv, #Mohamed Ben Salman, #Lion de Syrie

C’est à l’aune de la défiance quant à la dépendance croissante de Damas envers Téhéran que s’est construite l’intervention saoudienne. 

 

Mohamed Ben Salman (MBS)

 C’est officiel, Riyad admet pour la première fois publiquement sa défaite en Syrie.

 De fait, le jeune prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohammad ben Salmane (MBS) n’a t-il pas déclaré en marge de sa tournée en Occident que « Bachar El-Assad restera au pouvoir » ?

Et n’a t-il pas signifié chemin faisant le décrochage de Riyad sur le front syrien d’ailleurs entamé depuis l’intervention militaire russe en septembre 2015 ?

 L’intervention en Syrie a bien été orchestrée tour à tour par le roi Abdallah (l’Oncle de MBS) et le roi Salmane (le père de MBS). 

 Dans ce cadre, si l’Arabie Saoudite a appuyé énergiquement une partie de l’opposition à Assad à partir de fin 2012, c’est bel et bien parce que Riyad rêvait d’un « découplage » entre Bachar El-Assad et Téhéran.  Etant entendu que plus le Lion de Syrie se sentirait isolé sur la scène régionale, plus il renforcerait ses liens avec Téhéran.  Et c’est bien dans ce même état d’esprit que le Prince héritier tient à préciser dans son interview au Time :

« Je crois que Bachar a intérêt à ne pas laisser les Iraniens faire ce qu’ils veulent».   

 Pour autant MBS peut-il compter sur Bachar El-Assad pour réduire l’influence iranienne, rien n’est moins sûre ? 

 Chacun sait que l’Iran voit la Syrie comme une avenue vers le Hezbollah et Téhéran est déterminé à composer avec le Lion de Syrie. 

Par ailleurs le territoire Syrie, notamment le sud, fait figure de tronçon vital de la voie d’approvisionnement en armes vers son principal obligé dans la guerre par procuration avec Israël, celle-là même qui lui permet de peser à l’échelle internationale.

 

 C’est à l’aune de la défiance quant à la dépendance croissante de Damas envers Téhéran que s’est construite l’intervention saoudienne. 

Mais force est de constater que cette intervention de Riyad en Syrie auprès de l’opposition au Lion de Syrie a été caractérisée à maintes reprises par de grosses erreurs d’appréciation.

 Pour s’en convaincre, on cherche souvent des preuves, et ces preuves sont légion.

 

Quid de la lecture erronée des intentions de Barack Obama ?

 

Washington n’est jamais entré de façon décisive dans le conflit Syrie comme l’attestera d’ailleurs plus tard le véto des Etats-Unis quant à la livraison d’armes anti-aériennes aux rebelles. 

Pour autant, l’Arabie Saoudite en rêvait..

 

L’Arabie Saoudite a tout fait pour attiser et amplifier le facteur confessionnel au grand dam des groupes plus modérés, moins structurés et par là même moins attractifs.

 

Par ailleurs, Riyad est arrivé plus tard, et au lieu de s’entendre avec Doha qui était à l’avant-garde en Syrie, l’Arabie Saoudite a préféré débaucher les rebelles soutenus par le Qatar. 

 

Dés lors, l’axe Chiite apparaissait beaucoup plus unis que l’opposition sunnite.

 

Son implication dans le conflit, tout comme celui de la Turquie, du Qatar ou de l’Iran, a contribué à amplifier le facteur confessionnel et à marginaliser les groupes les plus modérés, moins financés et structurés et donc moins attractifs.

Et si Riyad met ses rivalités de côté avec Doha et Ankara pour soutenir ensemble les rebelles syriens pour s’emparer de la province d’Idleb en mars 2015 qui menacent Lattaquié, l’un des fiefs du régime. Vladimir Poutine interviendra militairement en Syrie de manière décisive, en septembre de la même année pour prêter main forte au régime de Damas qui était en très mauvaise posture… autant dire que timing n’était pas idéal !

 

Dans ce contexte, l’Arabie Saoudite n’est jamais parvenue à structurer l’opposition syrienne. 

 

 

 Mais il y a plus, la détente de régime d’Ankara avec Moscou à partir de 2016, qui s’explique très largement par la levée progressive des sanctions économiques, consécutives à la destruction d’un avion russe par la Turquie en novembre 2015 couplé au rapprochement avec l’Iran et le Qatar,  et qui contribuent assurément à isoler encore davantage Riyad. 

 

Ankara sait habilement jouer avec les parrains du conflit

Pour sa part, Ankara sait habilement jouer avec les parrains du conflit. 

De fait, à partir de 2016, la Turquie abandonne Alep-Est, repris par le régime en décembre 2016, et utilise les dernières factions rebelles comme des fantassins au service de son combat contre les Kurdes.

L’isolement du Qatar au sein Conseil de coopération du Golfe (CCG) l’a poussé à réévaluer sa position sur la Syrie en normalisant ses relations avec l’Iran et en renforçant son alliance avec la Turquie.

 

 Quant au Qatar, son isolement au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG) l’a poussé à réévaluer sa position sur la Syrie en normalisant ses relations avec l’Iran et en renforçant son alliance avec la Turquie.

 Doha est par ailleurs intervenue auprès de Ahrar al-Cham et Faïlaq al-Rahman, pour mettre fin à sa résistance dans la Ghouta et c’est ainsi que l’émir Tamim a été reçu récemment par Vladimir Poutine.

On l’aura compris, l’entreprise visant à mettre au ban le Qatar au sein du CCG n’a pas été des plus heureux pour Riyad car Doha s’est rapprochée des parrains du conflit syrien.

La guerre au Yémen, qui apparait somme toute comme le Vietnam de l’Arabie Saoudite, le tout couplé à sa tentative de reformation du gouvernement libanais avec la démission forcée de Saad Hariri qui sont à marquer du saut de l’échec.

On pourrait encore ajouter la guerre au Yémen, qui apparait somme toute comme le Vietnam de l’Arabie Saoudite, le tout couplé à sa tentative de reformation du gouvernement libanais avec la démission forcée de Saad Hariri,  qui sont à marquer du saut de l’échec.

 Dans ce contexte, Riyad espère aujourd’hui que Washington va se maintenir en Syrie, afin d’endiguer le corridor chiite qui est d’ailleurs très largement contesté par Washington, Riyad et Tel-Aviv. 

 Mais les espérances de l’Arabie Saoudite pourraient être très largement être hypothéquées par les déclarations récentes de Donald Trump, visant à conditionner, le maintien des troupes américaines sur le sol syrien, à la contribution financière de Riyad.

 

 

 

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