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Géopolitique, évolution d'un monde multipolaire. Poutine, Trump, Xi Jinping, Narendra Modi, Hassan Rohani et l’Europe…. Ce qui à changé. "II faut dormir comme le lion sans fermer les yeux" Cardinal de Richelieu. Maximes d'État (1623). Blog d'Olivier d'Auzon


L’Oncle Sam piétine notre souveraineté économique

Publié par Olivier d'Auzon sur 15 Avril 2019, 14:40pm

Dans l’esprit des dirigeants américains, la guerre économique a remplacé la Guerre froide.

 

Dans cette formidable enquête, conduite de mains de maître, Ali Laïdi, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), lève le voile sur le véritable objectif des législations extraterritoriales, des ‘’armes juridico-économiques massives’’.

 

 

 

 La machine de guerre économique amorcée depuis 1993 se renforce même au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. C’est au nom de la lutte contre le terrorisme que le dispositif se radicalise.  La guerre contre les Djihadistes est le parfait alibi pour projeter la puissance américaine dans le monde et s’immiscer dans les affaires économiques des alliés de Washington, confesse l’auteur.

 

Cette répression s’appuie sur des législations extraterritoriales à l’instar de la loi sur la corruption, le Foreign Corrupt Practice Act, et celles sur le viol des embargo Helms-Burton, D’Amato-Kennedy, ou encore de la loi Sabarnes-Oxley qui est sensée traquer les tricheurs- mais qui a pour effet de voir accepter implicitement que tous les secrets d’affaires, soient à la merci des autorités américaines. Elles s’appliquent à n’importent quelle entreprise et à n’importe quel individu.

 

Dés lors des sociétés soupçonnées de corruption ou de violation des embargos (Cuba, Libye, Corée du Nord, Iran, la Birmanie).  S’agissant de la France, on relèvera volontiers les cas les ceux de Siemens, qui a versé 800 millions de dollars en 2008, d’Alstom, 772 millions de dollars en 2014, mais aussi de la Société générale condamnée à 1,34 milliard de dollars d’amende en 2018, et de la BNP qui a dû, en 2014, débourser le montant historique de 9 milliards de dollars à la justice américaine.

 

 

Pour mémoire, l’utilisation du billet vert dans les transactions internationales place irrémédiablement les entreprises sous juridiction américaine.

 

Qu’on y songe, à partir de 2008, les coups pleuvent sur les entreprises européennes, les coups peuvent être mortels. Certaines entreprises visées par l’administrations américaines ne se relèvent pas et n’ont d’autres choix que de se vendre à la concurrence. C’est le cas d’Alcatel, Technip et Alstom.

 

Alstom est assurément l’affaire de trop. 

Le rachat en 2014 de sa filiale énergie par le géant américain General Electric, sonne le glas de l’indépendance atomique chère au Général de Gaulle.

 

C’est dans ce contexte  que le Député Pierre Lellouche prend la tête d’une mission parlementaire d’information sur l’extra-territorialité de la législation américaine.

 

À ce titre, les recommandations du rapport Lellouche méritent d’être soulignées :

Le rapport préconise notamment de militer pour un rapport de force avec les Etats-Unis et proposent pour ce faire un plan de bataille : relancer les plaintes contre l’OMC ; et réarmer juridiquement la France en adoptant une législation extra-territoriale similaire. Exiger la réciprocité, soutenir l’euro pour en faire une monnaie de référence des entreprises européennes et de leur permettre d’échapper au radar de l’Oncle Sam.

 

 Pour l’heure, Donald Trump poursuit bel et bien une politique amorcée voilà près de trente ans qui vise à faire de l’Europe un vassal de Washington. 

 

L’Oncle Sam n’a jamais caché son plan tout à la fois machiavélique et terriblement efficace.

 

Ce dernier fut même décrit noir sur blanc dans le fameux livre : ’’ le Grand échiquier’’ de Zbigniew Brezinski, l’ancien conseiller à la Sécurité du Président Jimmy Carter, qui vise à :

 

« éviter les collisions entre vassaux et les maintenir dans l’état de dépendance que justifie leur sécurité, cultiver la docilité des sujets protégés, empêcher les barbares, essentiellement les Russes et les Chinois. 

La messe est dite depuis longtemps, pourtant les élites européennes ont toujours fait semblant de ne pas l’entendre. Jusqu’à ce qu’une pression d’un autre type apparaisse, celle qu’exercent les lois extraterritoriales américaines »

 

‘’Cette politique juridique extérieure’’, martèle le Sénateur Bruno Retailleau, «  poursuit un double objectif, un objectif diplomatique d’abord tendant à instaurer un lien vassalique avec les États européens en leur imposant de facto la politique étrangère américaine, le cas de l’Iran est un cas d’école. Un objectif économique ensuite, il vise à affaiblir les principaux concurrents des entreprises américaines en leur infligeant d’énormes amendes »

 

Dans le même temps, révèle le chercheur, la Chine comme la Russie n’hésiteront pas longtemps à riposter, comme en témoigne l’été 2008, en pleine crise des subprimes lorsque les Américains apprennent que Moscou a approché Pékin afin de réaliser une proposition qui pourrait s’avérer machiavélique:  en l’occurrence il s’agissait de vendre les parts que Russes et chinois possèdent chez Fannie Mae and Freddie Mac, le spécialiste du crédit hypothécaire. 

 

Dés lors on imagine aisément l’impact de cette décision qui obligerait l’Oncle Sam à dépenser des sommes colossales pour maintenir l’entreprise à flot… Voilà somme toute, le signe avant-coureur de la volonté croissante des pays d’utiliser des armes financières pour frapper les États-Unis.

 

« Le temps de la naïveté est terminé. Les élites françaises doivent se réveiller avant de dire adieu à notre souveraineté économique » s’alarme Pierre Juillet, ancien haut responsable chargé de l’intelligence économique sous la présidence de Jacques Chirac… 

 

*L’ouvrage d’Ali Laïdi ne peut laisser indifférent, il est à lire en priorité. Il arrive à point nommé à quelques semaines des élections européennes.

 

 

*Le droit 

Nouvelle arme de guerre économique

Comment les Etats-Unis déstabilisent les entreprises Européennes

Ali Laïdi. Éditions Actes sud, 2019

 

 

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