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Géopolitique, évolution d'un monde multipolaire. Poutine, Trump, Xi Jinping, Narendra Modi, Hassan Rohani et l’Europe…. Ce qui à changé. "II faut dormir comme le lion sans fermer les yeux" Cardinal de Richelieu. Maximes d'État (1623). Blog d'Olivier d'Auzon


« Le Grand Secret d’Israël. Pourquoi il n’y aura pas d’Etat Palestinien »

Publié par Olivier d'Auzon sur 1 Juin 2018, 11:14am

Catégories : #Stéphane Amar, #« Le Grand Secret d’Israël. Pourquoi il n’y aura pas d’Etat Palestinien », #Editions de l'Observatoire, #Palestine, #Processus d'Oslo

 

 

Stéphane Amar est journaliste-producteur, installé à Jérusalem depuis 2003. Il vient de publier « Le Grand Secret d’Israël. Pourquoi il n’y aura pas d’Etat Palestinien »aux éditions de l’Observatoire, 2018. 

 

 Dans cet essai qui ne laisse pas indifférent, le journaliste s’interroge tout à la fois sur l’avenir de la solution à deux Etats et à la création d’un Etat Palestinien et sur la dépouille du processus d’Oslo.

 

Pour l’écrasante majorité des chancelleries, la création d’un État palestinien constitue assurément une condition sine qua non à la paix, la seule solution pour résoudre le conflit. 

La question est du reste entendue à l’aune des déclarations d’un Jacques Chirac, d’un Georges W. Bush, d’un Emmanuel Macron d’un Vladimir Poutine ou d’un Antonio Guterres…

« Tant que les Palestiniens [...] devront s’accommoder d’une existence collective au rabais, les frustrations et l’amertume persisteront. Nous savons tous quels fruits amers elles engendrent » (Jacques Chirac, 1995). 

« Je soutiens fortement la création d’un État palestinien » (George W. Bush, 2007). 

Les Palestiniens ont le droit d’établir un État indépendant et viable avec une capitale à JérusalemEst » (Vladimir Poutine, 2015). 

« Pas d’alternative à la création d’un État palestinien » (Bill Clinton, 2015). 

« Nous sommes complètement d’accord sur le fait que, concernant la situation entre les Palestiniens et les Israéliens, il n’y a pas d’autre solution que celle à deux États et que tout doit être fait pour préserver cette possibilité » (Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, 2017). 

« Il n’y a pas d’alternative à la solution de deux États » (Emmanuel Macron, 2017). 

Pourquoi la solution d’un Etat Palestinien tarde t’elle à aboutir ? s’interroge Stéphane Amar.

 En premier lieu, on pourrait avancer le grand schisme palestinien qui constitue l’un des principaux obstacles à la création d’un État palestinien. 

Mais il y a plus, on ne saurait oublier tout à la fois le poids des identités et des religions, la négation des légitimités et des faits historiques, les insolubles contentieux autour de Jérusalem et des réfugiés palestiniens. Et la puissance d’Israël surtout. 

 

Depuis, la roue a tourné. Les Israéliens ont gagné toutes les guerres et bâti une économie florissante. Ils ont toujours pu compter sur de précieux alliés stratégiques, les Français hier, les Américains aujourd’hui. Leur démographie, dopée par l’immigration juive, a suivi une courbe exponentielle. Les Palestiniens, eux, ont connu une série de défaites humiliantes, l’exil et la division. La guerre des Six Jours en a fait un peuple occupé, sous perfusion humanitaire et vassalisé par Israël. 

Mais cette impressionnante inversion du rapport de force n’a pas mis fin au conflit. Aiguillonnés par un chef de guerre hautement charismatique – Yasser Arafat –, les Palestiniens n’ont jamais cessé d’infliger à leurs ennemis attentats sanglants et camouflets diplomatiques. Ils brandissaient aussi une arme redoutable : la fameuse bombe démographique.

"Le processus a échoué, car il s’est construit sur une montagne de mensonges et d’arrièrepensées. Inconséquence inouïe : les protagonistes n’ont jamais clairement énoncé les objectifs de la négociation. Ils ont cru que le flou et l’ambiguïté faciliteraient le rapprochement" commente Stéphane Amar.

Depuis vingtcinq ans, la pensée autour du conflit israélopalestinien tourne en rond. Hors Oslo, point de salut !

  le train d’Oslo ne repassera probablement pas. Il n’a plus aucune prise avec le réel

Les Palestiniens ont laissé le monopole de la lutte armée aux mouvements islamistes. 

C’est pour Jérusalem et plus particulièrement pour la mosquée alAqsa que les jeunes Palestiniens se sont soulevés à l’automne 2015 et à l’été 2017, pas pour obtenir un État indépendant. 

Quant aux Juifs, ils entretiennent une relation sans cesse plus passionnelle avec Jérusalem et, dans une moindre mesure, avec la Cisjordanie d’aujourd’hui. Loin d’être la lubie d’une poignée d’extrémistes comme on l’entend souvent, ces territoires deviennent peu à peu partie intégrante de l’identité israélienne. 

Un demimillion d’Israéliens y vivent et un nombre croissant de responsables politiques prônent la poursuite de l’occupation, voire l’annexion. 

« Cette option effraie la plupart des Israéliens, car elle conduirait à la création d’un État binational, commun aux Juifs et aux Arabes. Ces derniers pouvant compter sur une démographie plus dynamique que leurs ennemis, ils deviendraient rapidement majoritaires et dilueraient la nation juive dans un énième État musulman.

S’ensuivraient une balkanisation du territoire, puis une guerre civile signant la fin du rêve sioniste » Confie le journaliste Stéphane Amar. 

 "Pour autant, ce scénario fait fi des évolutions profondes du terrain. Les prévisions démographiques, d’abord, ont toujours été démenties. Les Israéliens font de plus en plus d’enfants, les Palestiniens de moins en moins", remarque l'auteur

Cela explique probablement le peu d’empressement d’Israël à conclure un accord.

Et quid de la coexistence judéoarabe, loin de virer au cauchemar, produit des fruits étonnants ?

Voici somme toute de quoi démolir le mythe d’un divorce inéluctable…

 Près d’un million et demi de Palestiniens vivent en Israël, au contact direct de la population juive. Frictions et discriminations existent (les affrontements entre les deux communautés restent rarissimes).

Dans les universités, les entreprises ou les hôpitaux, les synergies ne laissent de fasciner..

 Pour l’heure, Washington a définitivement tourné la page d’Oslo.

En désacralisant la solution à deux États, en critiquant du bout des lèvres la colonisation et en reconnaissant Jérusalem comme capitale, Donald Trump ouvre la voie à l’annexion de la Cisjordanie.

 "Le vent nouveau" qui souffle aux Etats-Unis a définitivement décomplexé les partisans de l’annexion et désarmé ses adversaires. 

 Le Grand Secret d’Israël est plus qu’un essai, c’est un grand reportage qui se lit tambour battant.

Il nous transporte des oasis dorées de la start-up nation aux ruelles étroites des casbahs palestiniennes, des bureaux feutrés de la Knesset aux mosquées de Nazareth où émaillent les témoignages de Palestiniens comme d’Israéliens aussi pittoresques qu’attachants…

Une chose est sûre… le débat déchaîne les passions... il continue !

 

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