Riyad voit en Moscou, la possibilité de faire sortir l’Arabie Saoudite de la crise yéménite dans l’honneur, maintenant qu’ils ont bien compris qu’une victoire militaire était impossible pour elle.
Malgré ses trois ans et demi de guerre, ses plus de 10 000 morts, dont 9.500 civils, le Yémen se meure en silence.
Après l'échec des pourparlers de paix à Genève, chacun pourrait s’interroger sur la solution diplomatique à cette pire crise humanitaire de la péninsule Arabique.
Cette solution diplomatique impliquerait-elle une grande puissance ?
Riyad et dans une moindre mesure Téhéran sont pleinement impliqués dans ce conflit, et leur rivalité est en partie responsable de la situation.
Or Washington, comme Paris, sont naturellement hors-jeu pour tenir le rôle de la grande puissance poussant à la paix : leur alignement commun sur l’Arabie saoudite est trop important pour que les houthistes et l’Iran leur fassent confiance.
Du reste à l’aune du drame du 9 août 2018, celui du bus de Saada, qui a suscité l'indignation dans le monde entier et dont l’enquête a conclu à la responsabilité de l’Arabie Saoudite, l’Occident s'est bien gardé d’incriminer son allié.
Par ailleurs, précise le Point, "début août 2018, le pays des deux saintes mosquées a décidé d'expulser l'ambassadrice canadienne à Riyad, de rappeler son ambassadeur à Ottawa, et de geler tout nouvel échange commercial ou investissement avec le Canada''. Pour autant l'Occident n'a pas juger utile de réagir pour ne pas risquer d'offusquer Riyad.
Pour contre, la Russie a des liens forts avec Sanaa, tenus par les houthistes, il pourrait jouer assurément le rôle de gentleman broker.
Riyad voit en Moscou, la possibilité de faire sortir l’Arabie Saoudite de la crise yéménite dans l’honneur, maintenant qu’ils ont bien compris qu’une victoire militaire était impossible pour elle.
Dans cette perspective, on soulignera volontiers que Mikhail Bogdanov, l’envoyé spécial de la Russie au Yémen, a déclaré en avril 2018 au Président , Abd Rabbuh Mansur Hadi, lors du 29 ème Sommet arabe dans la ville saoudienne de Dhahran qu’il souhaitait administrer la paix, la sécurité et la stabilité au Yémen
Le 22 janvier 2018, Abdul-Malik al-Mekhlafi, Ministre des Affaires étrangères du gouvernement yéménite pro-saoudien, est venu demander l’aide des Russes pour contrer l’influence iranienne.
Sans oublier les réunions diplomatiques en Russie entre Vladimir Poutine et Abd Rabbuh Mansur Hadi ont assurément permis de tisser une relation étroite alliance avec les Émirats arabes unis.
Les Emirats sont un acteur majeur de la guerre au Yémen, responsable du financement de nombreux groupes armés luttant contre les Houthis.
Pour autant, force est de constater que les relations de Hadi avec les Émirats arabes unis ont pour le moins évolué au cours du conflit yémenite.
En 2017, Hadi a qualifié les Émirats arabes unis ‘’d’occupant’’ et non de ‘’libérateur’’. Voilà somme toute de quoi avoir une grande incidence sur l’implication potentielle de la Russie dans le conflit.
Preuve que les alliés de Riyad sont prêts à offrir à Moscou une influence durable dans le pays, pour mieux contrer celle de Téhéran.
Plus récemment la visite du cheikh Mohammed bin Zayed al-Nahyan, le Prince héritier d’Abou Dhabi à Moscou en juin 2018, s’est soldée par la signature de la déclaration de partenariat stratégique entre la Russie et les Émirats arabes unis.
La déclaration est le premier accord de ce type entre Moscou et un État du Golfe.
L’accord n’est pas une surprise car les deux parties ont annoncé le partenariat stratégique en avril 2018, grâce à une coopération étendue avec la Russie dans les domaines de l’investissement mutuel, des échanges commerciaux et de la fabrication en commun de plusieurs technologies, dont le matériel militaire.
Après plus de deux décennies d'absence, la Russie vise à réduire la présence des États-Unis au Moyen-Orient et à jouer un rôle plus important dans les arrangements de sécurité régionaux.
Dans le même temps, les États-Unis tentent de préserver le statu quo existant et de limiter l'influence croissante de la Russie.
Les pays du Golfe, par contre, conscients du fait que le monde est devenu de plus en plus multipolaire, les Arabes du Golfe ont tissé des liens étroits avec les principales puissances, dont la Russie.
Pour la Russie, l’enjeu au Yémen est aussi bel et bien stratégique.
De fait, Moscou n’envisagerait-il pas depuis 2009, la possibilité d’une base navale en territoire yéménite ?
Qu’on y songe, cette base signifierait un accès au détroit de Bab-el-Mandeb, faisant la jonction entre le golfe d’Aden et la mer Rouge.
Etant entendu que deux autres grandes puissances ont une influence non négligeable dans la région à l'instar de la Chine et les États-Unis…